La supériorité de la connaissance sur l'action tient au fait que la première est le moteur de la seconde mais, selon le mot d'Aristote, un "moteur immobile". Car l'action appartient au monde du changement et ne peut avoir son principe en elle-même ; la réalité de l'action lui vient d'un principe situé au-delà d'elle-même, dans la connaissance.
L'autorité spirituelle possède cette immutabilité qui lui vient de sa nature supra-humaine, de la science divine ; tandis que le pouvoir temporel est soumis aux vicissitudes du transitoire, s'il n'est pas relié à un principe qui lui assure sa stabilité.
Ainsi, le pouvoir temporel a besoin d'une consécration de l'autorité spirituelle, consécration qui fait sa légitimité, c'est-à-dire sa conformité à l'ordre des choses. C'est à cela que vise l'initiation royale, qui constitue ce qu'on a appelé le droit divin, qui n'est autre que l'exercice du pouvoir temporel en vertu d'une délégation de l'autorité spirituelle.
L'intiation royale est conférée par l'autorité spirituelle pour la raison très simple que la fonction supérieure contient "éminemment" la fonction inférieure, tout comme le principe contient ses applications.
Seulement, en l'état présent de l'humanité, l'autorité spirituelle n'exerce pas le pouvoir temporel, elle le transmet au roi. Ainsi, s'établit la dépendance du roi, dépendance qui a pour signe le sacre :
le roi n'est légitimé que s'il a reçu du sacerdoce investiture et consécration impliquant la transmission d'une influence spirituelle, nécessaire pour l'exercice régulier de la fonction royale.
De sort que le roi n'est que le dépositaire du pouvoir et qu'il peut très bien le perdre à tout instant; au Moyen Age, le Pape, pour des raisons graves, en vertu du "pouvoir des clés", "déliait" les sujets de l'obligation de fidélité à un prince.
Ce pouvoir des clefs est en rapport avec la fonction de cohabitation des fonctions sacerdotales et royales. Il existe deux clés :
- la clé d'or est le signe de l'autorité sacerdotale
- la clé d'argent est le signe du pouvoir royal, contenu "éminemment" dans le sacerdoce.
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