mardi 11 octobre 2011

DU PREMIER CONSUL À L'EMPEREUR DES FRANÇAIS


Bonaparte : « Pour la première fois depuis longtemps, le pouvoir en France est exercé par un homme qui comprend les besoins des Français et qui se confond avec ce qu’ils réclament : l’ordre, la gloire, la paix, le respect de la religion, la garantie des biens nationaux. Cet homme, c’est moi.
…. J’ai goûté du commandement et je ne saurais y renoncer.
…. J’ai fondé une ère nouvelle, je dois l’éterniser. L’éclat n’est rien sans la durée. Ne pensez-vous pas que nous devrions sortir d’un régime où je ne suis que le premier magistrat d’une République instable et toujours menacée?
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Cambacérès : « Le tout est de savoir si la poire est mûre. Si elle l’est, hâtez-vous de la cueillir. La seule question que je me pose est celle-ci : ne croyez-vous pas les Français encore attachés au moins au nom de la République? 

Bonaparte : « Je connais les Français, leur légèreté, la facilité avec laquelle ils sont capables de changer d’opinion. La République est une chimère dont ils se sont engoués, mais qui passera avec tant d’autres. Je suis persuadé qu’il y a dans la masse de la nation un retour complet aux formes de la monarchie. »
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Bonaparte : « Je vais vous surprendre, Cambacérès : je ne veux pas pour moi d’une royauté que les derniers Bourbons ont tellement rapetissée qu’elle est maintenant tout juste à leur taille. »

Cambacérès : « Mais si vous ne voulez pas être roi, qu’allons-nous devenir? »
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Bonaparte : « Je ne me contenterai jamais de substituer une élite à une autre. Après l’hérédité monarchique et le nivellement jacobin, j’ai inventé une troisième voie : celle du mérite. 
Après la formule : « à chacun selon sa naissance et son range », après la formule « L’égalité pour tous ou la mort », ma formule à moi est  : « A chacun selon ses talents ».
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J’ai l’imagination républicaine et l’instinct monarchique. Je veux rétablir une monarchie qui soit républicaine. Et ma République à moi est romaine, militaire, guerrière, conquérante. Mon modèle n’est pas Versailles, mon modèle est Rome. Et mon modèle n’est pas les Bourbons, mon modèle est César. 
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Ils (les Français) veulent le retour à la monarchie? S’ils en exprimaient le désir avec assez de force, je me présenterais à la France et à l’Europe avec un titre plus solennel, plus imposant, plus auguste que celui de roi, avec un titre nouveau puisqu’il serait antique : celui de l’Empire romain, celui de l’Empire d’Occident.

Cambacérès : « Le titre d’Empereur ? »

Bonaparte : « Ce titre d’empereur ne choquerait aucune tête républicaine et remplirait bien la bouche des autres.../.… »

Cambacérès : « C’est une belle idée. Mais en adoptant les formes de l’empire de Charlemagne et de Rome, que ferez-vous des formes de la République romaine dont nous avons déjà le Sénat, les tribuns, les questeurs, les préfets? .../... »

Bonaparte : « Qu’est-ce qui a fait la Révolution? C’est la vanité. Qu’est-ce qui la terminera? Encore la vanité. C’est avec des hochets que l’on mène les hommes…/... Il faut aux Français de la gloire, des distinctions, des récompenses. Les jacobins recevront des titres de barons ou de comte et ils iront à la messe derrière moi. 
La noblesse se serait contentée d’un Directoire ou d’un Consulat. Jugez si elle ne sera pas satisfaite d’un empire .../...

Bonaparte : « L’Eglise préférera toujours un monarque aux républicains. Elle a raison : avec les républicains, il faut plaire à tant de gens et en tromper tant d’autres que la peine dépasse le profit ; dans une monarchie, elle n’a que le chef à séduire pour devenir le maître. .../... »



Auteur  : Jean d’Ormesson
Titre de l’ouvrage : La Conversation


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